LE « BON VIEUX » VITRAIL AU PLOMB

Quand on parle vitrail, c’est d’abord au bon vieux vitrail au plomb que l’on pense. On en a tous vus, dans les églises, dans un lieux public un peu vieillot ou dans une maison ancienne. Plus rarement dans une architecture contemporaine ; plus souvent décliné en objets un peu ringards, mini-serres, lanternes ou lampes…

Mais cette technique est surtout un moyen d’expression : on lui fait dire ce qu’on veut. Le pire et le meilleur, l’imitation ou la création, la nostalgie ou l’avenir, la bigoterie ou la haute spiritualité.

Tout d’abord son origine, qui nous plonge dans des temps reculés, et qui tient surtout a un ensemble de contraintes qui ont accouché d’un étrange objet, mi utilitaire, mi décoratif.

On n’est pas capable de faire de grandes feuilles de verre? qu’à cela ne tienne, on assemblera des tessons, d’abord avec des lamelles de bois, puis avec des baguettes de plomb rainuré, plus souple et plus facile à réaliser. Car le plomb, ce gros méchant loup de la modernité, a été longtemps un grand allié de l’homme, une sorte de plastique des temps anciens.

Autre contrainte : luminosité et étanchéité. Rien de tel que le verre, à la place du papier huilé ou des stores, pour protéger du vent et du froid tout en profitant de la lumière naturelle, si précieuse avant l’électricité.

Et puis, la couleur. Dur dur, de fabriquer du verre pur et transparent. Il y a toujours un pigment qui traîne dans le creuset du souffleur, une saleté, un défaut… Mais, tiens! : un verre bleuté par ci, un tesson doré par là, c’est quand même plus joli. Et puis, cette tache, ne fait-elle pas penser à un visage? Alors on s’est attelé à créer des compositions, on a inventé des effets spéciaux, on a peint, assemblé. Bref : l’art du vitrail était né.

C’était il y a très longtemps, mais aujourd’hui, finalement, on ne procède pas autrement pour inventer les vitraux qui, basés sur les mêmes procédés, viennent s’intégrer même dans les architectures les plus hardies.

Et le plomb, alors : c’est pas toxique, le plomb?

Oui, inutile de tourner autour du creuset… Le plomb est un matériaux qui ne doit pas être ingéré et dont les poussières (l’oxyde qui s’en dégage) ne doivent pas être respirées. Mais il faut raison garder : la quantité de plomb dans un vitrail est minime, la qualité et la pureté des profilés utilisés le rendent peu sensible à l’oxydation et, surtout, il n’entre pas en contact avec la chaîne alimentaire.

Le plomb auquel on fait la guerre à juste titre dans la maison est celui que contenaient les peintures murales (en plus il est sucré et les enfants le léchaient volontiers…), jusqu’à 50% du poids, celui des tuyauteries qui nous apportent l’eau potable et celui de certains ouvrages d’étanchéité.

Rien à voir avec les plombs des vitraux. Mais si on en a toujours peur, on peut habiller les vitraux au plomb d’un double vitrage, comme nous l’expliquons ICI.

Alors je suis prêt à parier que le vitrail au plomb a encore de beaux siècles de lumière devant lui.

Carlo Roccella